Pendant près d’un mois, il resta immobile en soins intensifs, son visage pâle éclairé par la lueur froide des moniteurs. Les médecins avaient tout essayé : nouveaux protocoles, spécialistes appelés en urgence, examens à n’en plus finir. Rien n’y faisait. Son état demeurait désespérément stable, et désespérément désespéré. Les parents vivaient un cauchemar permanent.
Sa mère, les yeux brûlés par les larmes et le manque de sommeil, passait ses journées à lui tenir la main, lui murmurant des mots dont elle n’était pas sûre qu’il puisse encore entendre. Son père, d’ordinaire si fort, restait silencieux, le regard perdu, comme s’il craignait qu’un mot prononcé à voix haute ne transforme leurs craintes en réalité. Même les médecins évitaient leur regard : eux aussi savaient que le miracle tardait trop. Mais une créature refusait catégoriquement de se résigner : le chien du garçon, un berger allemand nommé Rico. Depuis l’accident, il se tenait chaque jour devant les portes de l’hôpital, immobile, patient, les oreilles baissées, espérant qu’on le laisse entrer. Il ne comprenait pas les règles, seulement l’absence de son petit humain. Chaque soir, une fois ses parents partis, Rico posait sa tête sur le sol froid et gémissait doucement, comme si son cœur se brisait un peu plus.